Toutes les féministes sont dans la nature


Sacha Guitry, grand phallocrate devant l’éternel, a eu un jour ce mot célèbre : “Je suis contre les femmes, tout contre.”

Il disait vrai : ceux qui détestent le plus les femmes, et a fortiori les féministes, sont également ceux qui ont le plus besoin d’elles. Elles sont leur raison de vitupérer, de désespérer, et de soupirer… langoureusement ? Bref, elles sont leur raison d’être.

C’est vrai qu’on ne saurait être plus à son avantage, en tant que phallocrate, que devant une féministe à critiquer ! Par exemple, les féministes seraient pétries de contradictions. N’en déplaise aux esprits chagrins, elles ont non seulement des avis qui peuvent sembler (à tort ou à raison) contradictoires, mais en plus, elles entendent le faire savoir.
C’est précisément en cela que les femmes sont des sujets et non des objets. Leur subjectivité rend leur discours multiple. Et c’est bien pour cela que la création du collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme est déjà, en soi, une victoire. Fédérer autant d’individualités autour d’une charte anti-sexiste, c’est une avancée dont le petit monde de la bande dessinée peut s’enorgueillir.
Militant avec persévérance pour un objectif similaire, à savoir la lutte anti-sexiste et la meilleure reconnaissance des œuvres faites par les femmes, le prix Artémisia a un positionnement féministe qui lui est propre. Et c’est tout à son honneur.
Néanmoins, toutes les féministes ayant leur subjectivité, elles ne sauraient toutes s’y reconnaître. Le collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme regroupe en son sein des positionnements féministes de toutes obédiences et vise des modes d’action plus étendus que la remise d’un prix. C’est en cela ( et pour répondre à l’invitation que le prix Artémisia lui a faite sur son site ), que le collectif n’a pas vocation à rejoindre le prix Artémisia mais, qu’en revanche, nombre de créatrices impliquées ou récompensées par le prix se retrouvent signataires de la Charte.
Somme toute, c’est assez facile à comprendre… Sauf, peut-être, pour des esprits chagrin. Mais gageons qu’ils y trouveront leur compte !