L’ensemble du collectif souhaite rendre hommage ici à Annie Goetzinger, qui nous a quittées mercredi 20 décembre. Pour toutes celles d’entre nous qui la connaissions ou qui nous sommes éveillées à notre vocation en la lisant, elle pouvait être un modèle ou une amie… dans tous les cas : un socle. Ce qu’elle a accompli ce n’est pas seulement un travail colossal de bande dessinée. Par sa persistance dans un métier alors quasi unanimement masculin, elle nous a aussi permis de croire en nous-même et de nous accrocher à nos rêves de créatrices. L’Annie acclamée de nos jours par la profession et par la presse s’était d’abord vu claquer plus d’une porte au nez, comme elle confiait dans nos échanges au moment de la création du collectif en 2015 : « J’ai un peu entendu de tout au fil du temps, dont le commentaire d’un rédac’ chef à mes tous débuts: -La BD est en crise, il n’y a pas de place pour vous». Elle avait compris que sa simple présence était un coup de pied dans la fourmilière et que – selon ses mots – la bande dessinée faite par des femmes « déconcerte, surprend, [parce que] on regarde autrement ». Livre après livre elle a tenu bon, sans demander de médaille : « C’est un métier qui a toujours été dur à exercer. Il faut de la ténacité et on n’a jamais gagné. Succès ou pas, le prochain album reste toujours à faire. »
Regard sur le monde aussi fort que ses personnages et sa narration. Éloquence aussi affûtée que ses crayons. Sagesse tranquille et rieuse. Annie, dans la vie, était la bienveillance incarnée.
Depuis la création de notre collectif, c’est elle la première qui nous quitte.
Merci pour tout, Annie Goetzinger.